mardi 24 avril 2007

A. BERTRAM CHANDLER, TRAHI DE L'ANGLAIS PAR...

J'étais tout content de voir qu'enfin quelqu'un s'était décidé à traduire en français un roman de A. Bertram Chandler (1912-1984), ce grand oublié chez nous du Space Opera classique que j'ai eu le plaisir de rencontrer une fois en Angleterre voici presque 30 ans (on ne doit pas être beaucoup à avoir un exemplaire de Rendez-vous sur un monde perdu en «Anticipation» dédicacé par l'auteur...). Souvenons-nous aussi que Francis Carsac lui avait rendu hommage avec son excellente nouvelle «Le dieu qui vient avec le vent» dans Fiction #222, en 1972.

Mais Chandler n'avait pas eu trop de chance jusque-là chez nous puisque la traduction de Rendez-vous... n'était pas terrible et que son seul autre roman à avoir été publié en français, Le long détour (Albin Michel, 1980) était la suite directe d'un volume resté lui inédit !

Aussi quand j'ai vu que Les Moutons Électriques, réputés pour leur sérieux, nous proposaient un inédit de la saga de John Grimes, je me suis dit que la malédiction était enfin levée et, bien qu'ayant déjà le livre en anglais, j'ai immédiatement investi 13 Euros dans l'affaire pour soutenir cette initiative...

J'aurais mieux fait de les garder... Car dès la première page, j'ai découvert avec horreur que la «traduction» de Sylvain Berthet était tout simplement un scandale ! On en vient même à se demander par moment si elle n'aurait pas été faite par un ordinateur... Le roman est réduit à néant, le texte étant en plus écrit dans un style lourdingue et dans un français souvent approximatif, et, surtout dans son premier tiers, constellé de fautes d'orthographe et de coquilles. C'est un texte non-relu qui est parti chez l'imprimeur, ça crève les yeux.

Il ne reste plus aux Moutons Électriques qu'à mettre au plus vite sur le marché une nouvelle version revue et cette fois corrigée s'ils ne veulent pas que la carrière de John Grimes s'arrête là chez eux, faute de lecteurs.

Pendant qu'ils y sont, ils pourront aussi en profiter pour améliorer la couverture en y mettant le nom de l'auteur avec d'autres caractères que ceux, microscopiques, utilisés ici et qui donnent l'impression qu'on l'a rajouté ce nom au dernier moment à la machine à écrire sur la maquette...

Il n'y a pas à dire, quand le Mouton Électrique disjoncte, il ne fait pas dans le détail et ça devient... dickien dans la déglingue.

RDN

jeudi 19 avril 2007

SECRET WEAPONS - SECRET AGENTS de JACQUES BERGIER


Premier livre de Bergier à avoir été à ma connaissance traduit en anglais, Agents secrets contre armes secrètes (Arthaud, 1955) est d'abord sorti en livre relié avec jaquette en Angleterre en 1956 chez Hurst & Blackett avant d'être réédité en poche outre-Manche chez Panther en 1958 sous la belle couverture «populaire» d'époque que voici et que je viens de dénicher chez un bouquiniste US.

Pour le plaisir des yeux...


RDN




jeudi 12 avril 2007

MUREL T.1, Les Chants de l'Air, de Claude Ecken et Benoît Lacou

Claude Ecken est depuis des années un des auteurs les plus intéressants de la SF française moderne (voir par exemple son recueil Le Monde, tous droits réservés aux éditions du Bélial, 2005) avec ses récits à la tonalité proche de la hard-science mais qui n'oublient jamais l'élément humain. C'est aussi, et depuis des décennies, un spécialiste de la BD, mais s'il avait déjà publié quelques albums ici ou là, il lui manquait encore l'oeuvre qui le ferait enfin remarquer au milieu du torrent de publications annuel du genre.

Avec Les chants de l'air, le premier tome de la trilogie Murel qui vient de sortir aux Éditions EP (Emmanuel Petit) début 2007, il semble qu'il tienne enfin le bon bout de ce côté-là.


Dans Murel, il concilie en effet, et enfin, ses ambitions littéraires dans la SF avec cette BD qu'il avait eu jusque-là du mal à dompter à son profit. Cette trilogie s'annonce comme un mélange bien équilibré de Space Opera, d'espionnage et d'histoire High Tech qui se saisit de l'attention du lecteur dès que celui-ci a intégré les noms un peu compliqués des personnages qui empêchent de se concentrer totalement sur l'intrique dans les toutes première planches («Ah ! mais bon sang, c'est qui déjà, celui-là?»). Fausses pistes, mystère et suspense alimentent ensuite le plaisir de ce même lecteur qui ne peut qu'en redemander une fois ce premier volume refermé sur un cliffhanger, comme on dit dans le jargon franglais des séries TV.

Mais un bon scénario qui n'est pas soutenu par un dessin à la hauteur, c'est le crash assuré dans l'univers impitoyable de la BD où le visuel est d'une importance capitale. Claude Ecken en avait fait l'amère expérience avec une précédente série, historique cette fois (la peste de 1720 à Marseille), Le diable au port (3 tomes, 2002 à 2004), dessinée par Benoît Lacou. Or, divine surprise, c'est justement ce même Benoît Lacou qu'on retrouve ici, cette fois libéré et en pleine forme dans cet univers extra-terrestre peuplé de personnages mi-animaux mi-humanoïdes...! Son dessin en couleur directe colle très bien au scénario et trouve ici une vigueur et un dynamisme à des lieues de sa prestation guère enthousiasmante sur la peste de Marseille.

À déguster sans délai.

RDN