mercredi 21 janvier 2009

AGATHA CHRISTIE, VOYAGEUSE DU TEMPS...

Après la réédition revue, corrigée et en un seul tome du classique de la SF française moderne que sont Les goulags mous de Jacques Mondoloni (dont il est question ailleurs sur ce blog) les éditions MELIS ajoutent à leur catalogue SF déjà fourni un roman sortant des sentiers battus : Crimes temporels de Paul Carta. Tout comme Les goulags mous, on a droit ici à un livre grand format de belle tenue et avec une couverture réussie signée Manchu.

Paul Carta, enseignant de son état, n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a déjà publié chez le même éditeur deux romans de SF, L'artefact sicilien (2001) et les 2 tomes de Gens una sumus (2002, devenu L'Échiquier des Étoiles en 2006 en 1 vol revu), d'un roman de Fantasy, Petit Dieu (2004, en 2 tomes) et d'un conte de Noël pour enfants, La planète du Père Noël (2006). L'artefact sicilien avait connu une première édition en... Sicile en 1993 alors que l'auteur était coopérant dans l'île !

L'idée de base de Crimes temporels est que lors de sa disparition durant 10 jours en décembre 1926 (dont on ne sait d'ailleurs toujours pas le fin mot), Agatha Christie a urait été en fait enlevée par une sorte de navette temporelle ressemblant fort à un «ancien ovni» pour venir enquêter sur un mystérieux crime commis dans une station lunaire en 2398 !

Dans la société de ce futur l'humanité ne réside plus que sur Mars et sur la lune suite à la destruction de la population terrienne par un vortex spatial. Mais si Mars a gardé les bonnes vieilles habitudes de comportement humaines, toute violence a été éradiquée sur la lune par des moyens high-tech et personne ne comprend comment un voyageur martien a pu être sauvagement assassiné dans la station temporelle Renaissance et personne ne sait comment mener une enquête qui presse pour des raisons politiques. D'où l'idée de faire venir du XXe siècle la célèbre auteure de romans policiers pour justifier le premier essai de translation temporel d'un être humain dans le sens «passé-présent»...

Le roman est adroitement construit, non dénué d'humour, très agréable à lire et devrait ravir les amateurs d'Agatha Christie. C'est à la fois un jeu littéraire mais aussi un vrai detective novel avec toutes les règles de l'époque et où la sagacité du lecteur est sollicitée dès le début de l'histoire. Honnêtement, on commence à se douter de l'identité de l'assassin une cinquantaine de pages avant la fin (toutefois le livre est épais, donc...) mais l'auteur a une petite surprise en réserve pour les dernières pages...

Quand la SF fréquente le roman policier, c'est souvent dans un style «Série Noire». Ici, on se retrouve plutôt, sur le plan littéraire, dans un registre proche de celui des apocryphes holmésiens mâtinés de SF. Le lecteur est là pour se régaler pendant quelques bonnes heures de lecture en suivant dans une base lunaire étriquée et oppressante une Agatha Christie stressée d'être soudain obligée à jouer les vrais détectives dans un monde qui lui est totalement étranger, mais une Agatha Christie plus vivante que nature.


Paul Carta
Crimes Temporels
Éditions MÉLIS, Collection «Science-Fiction»
Couverture de Manchu, 413 p. 2008, 22 Euros.

ISBN 978-2-35210-033-1

Email des éditions Mélis : melis.editions@wanadoo.fr (il serait vraiment temps que les éditions Mélis songent à avoir un site internet...)


RDN